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Livre de Roger Karoutchi

Titre non retenu : « (É)lisez-moi ! » © Editions.flammarion.com.

(Blogmensgo, 7 février 2011) L’ancien ministre français Roger Karoutchi n’a pas écrit une seule ligne de Mes quatre vérités, son autobiographie publiée en février 2009, sauf justement les paragraphes où il y dévoilait son homosexualité. Telle est l’une des révélations des Inrockuptibles dans un passionnant article sur les « nègres littéraires » de personnalités politiques.

Roger Karoutchi avait révélé son homosexualité juste avant la publication du livre, en pleine campagne électorale et alors même qu’il briguait la présidence de la région Île-de-France (cf. notre article du 23 janvier 2009). Un sondage – dont on reconnaît la faible valeur scientifique – organisé sur ce blog montrait des réactions à fort contraste, 28 % des sondés assimilant le coming out de Karoutchi à une manœuvre politicienne quand 20 % seulement jugeaient cela courageux pour un homme politique.

Quoi qu’il en soit, c’est un ancien journaliste du quotidien de gauche Libération, Guy Benhamou, qui avait pris son magnéto et tenu la plume en lieu et place de Roger Karoutchi, alors secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement. Rien de choquant à cela, du moins en France où le « nègre » d’une personnalité n’est quasiment jamais signalé comme tel, une clause de confidentialité l’obligeant presque toujours à taire son véritable rôle. Roger Karoutchi a donc tout dit et rien écrit, sauf à propos de son homosexualité ; là, il n’a rien confié au magnéto et a lui-même rédigé son coming out, imposant que la page qu’il avait écrite fût publiée sans aucune modification.

L’article des Inrocks ne dit pas combien Benhamou a touché pour mettre sur papier Karoutchi, lequel se serait vu proposer 8 000 euros d’à-valoir.

Commentaire. Un à-valoir est un acompte sur droits d’auteur qui reste acquis à son bénéficiaire même si les ventes effectives – après retours des libraires – n’auraient pas pu engendrer un tel niveau de rémunération.

La somme de 8 000 euros est sans doute assez proche de ce qu’a touché le nègre de Roger Karoutchi. On m’avait proposé il y a dix ans une somme largement inférieure – mais à peu près similaire en euros constants – pour narrer les souffrances d’un jeune ver de terre de la politique. J’avais alors décliné l’offre pour de multiples raisons, les deux principales étant la réputation de l’éditeur, grigou notoire, et une anthelmophobie naissante.

Cela dit, je m’étonne qu’un éditeur aussi avisé que Flammarion ait voulu débourser 8 000 euros – voire probablement le double, nègre oblige – pour publier l’autobiographie d’une personnalité politique de second plan. Une pratique éditoriale assez courante consiste à rentabiliser les invendables en sollicitant des préachats directement par un « auteur » ou en sous-main par une quelconque entité. L’article des Inrock ne laisse toutefois pas subodorer une telle pratique concernant l’autobiographie de Roger Karoutchi.

Philca / MensGo

(via Les Inrockuptibles du 7 février 2011)

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