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Australie : pas de référendum sur le mariage gay

(Blogmensgo, blog gay du 11 octobre 2016) Le comité électoral du Parti travailliste australien a choisi, le 10 octobre 2016, de mettre son veto au projet de référendum sur le mariage gay présenté devant le Parlement fédéral par le Premier ministre Malcolm Turnbull. Le chef de l’opposition travailliste, Bill Shorten, considère que la tenue d’un référendum fédéral risque de libérer la parole homophobe et d’avoir des effets dévastateurs sur la communauté LGBT d’Australie. Mais le Premier ministre refuse pour l’instant de retirer son projet de référendum et en maintient la date au 11 février 2017.

[Update. Le Sénat a rejeté la tenue d'un référendum, lire notre complément d’information en fin d'article.]
Bill Shorten
Bill Shorten. Le leader travailliste veut légaliser au plus vite le mariage gay en Australie, mais sans référendum. ©alp.org.au

Le projet de référendum sera sans doute validé par la Chambre des représentants (où la coalition au pouvoir dispose de la majorité absolue), mais il n’a aucune chance d’être approuvé par le Sénat sans les voix de l’opposition travailliste et écologiste (les Verts militent eux aussi contre ce référendum).

La décision d’un veto travailliste a été prise à l’unanimité. Le Labor australien redoute la nocivité d’un référendum, comme ce fut le cas avant celui de mai 2015 en Irlande (notre article). En outre, un référendum présente aux yeux des travaillistes l’inconvénient majeur de coûter très cher au contribuable, soit environ 175 millions de dollars australiens (119 millions d’euros).

Plutôt qu’un référendum, les travaillistes préconisent de soumettre la légalisation du mariage entre personnes de même sexe à un vote parlementaire. Malcolm Turnbull n’a pas encore fait savoir si, en cas d’invalidation du référendum par le Sénat, il accepterait une légalisation par voie parlementaire. Pour justifier sa volonté d’imposer un référendum, il prétend qu’il n’existe pas de moyen plus rapide pour légaliser le mariage gay.

Le Premier ministre est confronté à un dilemme politique. Plusieurs ministres menacent de retirer leur soutien au gouvernement si celui-ci n’organise pas un référendum. Et plusieurs députés conservateurs de premier plan menacent de voter contre un éventuel projet de loi sur le mariage gay si le gouvernement renonce au référendum et soumet directement le texte aux suffrages des parlementaires.

Juste avant que les travaillistes ne se prononcent sur le projet de référendum, le gouvernement a déposé plusieurs amendements à l’actuelle loi sur le mariage. Ces amendements stipulent que le mariage unit « deux personnes » (et non plus « un homme et une femme »), que les mariages gays et lesbiens contractés à l’étranger ont valeur légale et que toute personne peut refuser de célébrer un mariage homo. La manœuvre n’aura pas réussi à empêcher le veto travailliste.

Commentaire. Faut-il se réjouir de la non-tenue d’un référendum ? Oui et non. Oui, car le flot des argumentaires homophobes risque d’avoir des conséquences désastreuses, voire irréversibles. Non, car les prochaines élections parlementaires n’auront lieu qu’en 2019.

La légalisation du mariage gay en Australie risque donc de prendre au moins trois années supplémentaires. Sauf si le Premier ministre se risque à faire légaliser le mariage homo par un double vote des députés et des sénateurs.

En tout cas, la question du mariage entre personnes de même sexe aura suscité une double volte-face politique des deux principaux leaders politiques actuels.

Malcolm Turnbull est aujourd’hui le chef du gouvernement et du Parti libéral (qui, malgré sa dénomination, est une formation conservatrice). Tony Abbott, son prédécesseur à la tête du gouvernement et du Parti libéral, refusait de légaliser le mariage gay par quelque moyen que ce fût, alors même que sa sœur est une lesbienne militante. Turnbull, quant à lui, promettait d’œuvrer à la légalisation du mariage homosexuel dès qu’il dirigerait le pays. Au lieu de quoi, il a multiplié les manœuvres dilatoires pour se rabattre sur l’option très contestable et contestée d’un référendum.

Bill Shorten et certains travaillistes étaient initialement favorables à la tenue d’un référendum, au nom de la transparence du propos et de l’universalité du scrutin. Mais après en avoir longuement discuté avec des familles LGBT, les travaillistes en général et Shorten en particulier se sont ralliés à l’idée d’un vote parlementaire sans débat élargi.

Bill Shorten fait d’ailleurs de la légalisation du mariage gay une de ses principales promesses électorales : s’il est élu à la tête du pays, il promet de faire légaliser le mariage entre personnes de même sexe dans les cent jours qui suivront.

[Update du 8 novembre 2016.] Comme prévu, les sénateurs ont rejeté le projet de référendum le 7 novembre 2016, par 33 voix contre 29. Les travaillistes, les Verts et le parti centriste NXT ont voté contre, bien qu’ils soient tous favorables à la légalisation du mariage homo.

Alex Greenwich, coprésident du collectif Australian Marriage Equality, a aussitôt invité les parlementaires à trouver une solution honnête et digne afin que tous les Australiens soient traités sur un pied d’égalité.

Juste avant le vote des sénateurs, le ministre de la Justice avait prévenu que tout refus d’organiser un référendum en février 2017 équivaudrait à un refus de légaliser le mariage gay. Mais les organisations LGBT et les parlementaires gay et lesbiennes ont milité d’une manière unanime contre la perspective d’un tel référendum.

Le scrutin du 7 novembre faisait suite à quatorze mois de débats parlementaires concernant l’organisation d’un référendum national sur la légalisation du mariage entre personnes de même sexe. À ce jour, l’Australie n’a effectivement organisé que trois référendums fédéraux ; celui sur le mariage gay ne sera donc pas le quatrième.

Il ne reste plus que deux solutions pour légaliser le mariage gay : soit soumettre un projet – ou une proposition – de loi au Parlement, soit attendre les prochaines élections générales de 2019 et espérer que les travaillistes l’emporteront. Le 8 novembre 2016, un sondage créditait les travaillistes de 53 % d’intentions de vote, contre 47 % pour le parti de Malcolm Turnbull. Ce qui, au regard de la lointaine échéance de 2019, n’a pas grande signification.

Une sénatrice travailliste ouvertement lesbienne, Penny Wong, se dit prête à élaborer une proposition de loi spécifique avec toute personnalité politique du Parti libéral favorable à la légalisation du mariage gay. Aucun élu libéral n’a pour l’instant accepté son offre.

Philca / MensGo
Source consultée en premier : news.com.au, 11 octobre 2016.

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