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Magic Johnson ou Cabestany ?

(Blogmensgo, 15 novembre 2011) Le samedi 12 novembre 2011, un maire inconnu (Jean Vila) d’une petite ville inconnue (Cabestany, dans les Pyrénées-Orientales) mariait symboliquement deux inconnus de même sexe (Patrick et Guillaume). Vingt ans auparavant, le 7 novembre 1991, un basketteur hyperconnu (Magic Johnson) annonçait sa séropositivité. Les deux événements ont fait le buzz. Mais leurs effets à long terme ne seront pas les mêmes, car il s’agit de deux buzz très différents l’un de l’autre.

Le mariage des deux tourtereaux aura été célébré à titre symbolique, puisque la France n’a toujours pas légalisé le mariage gay. Il s’agissait surtout de militer en faveur du mariage homosexuel et de titiller sur cette question les candidats à la présidentielle, mais aussi le grand public français. Autrement dit, une initiative de la communauté parfois qualifiée d’initiative communautaire voire de provocation, par des gens que ce genre de démarche irrite ou qui ne veulent pas entendre parler de mariage entre personnes de même sexe.

La révélation de sa séropositivité par Magic Johnson procédait d’un tout autre contexte. Il faut revenir vingt années en arrière pour comprendre qui était Earvin Johnson Jr, alias Magic Johnson : l’un des plus grands basketteurs de tous les temps, aussi populaire à cette époque-là que le fut par la suite Michael Jordan. C’était mon sportif préféré, ex-æquo avec Mats Vilander et son fair-play légendaire. Pour ceux qui ne comprennent rien à ce sport, disons que Magic Johnson était au basket l’équivalent d’Ayrton Senna au sport automobile, d’André Agassi au tennis et de Michel Platini au football : presque un dieu vivant.

Mais le buzz avec Magic Johnson fut très différent de celui qu’engendra Rock Hudson en annonçant, le 25 juillet 1985, qu’il avait le sida. Buzz très différent car la carrière de Hudson végétait alors que Johnson était au faîte de sa gloire. Buzz quand même dans la mesure où Rock Hudson était encore un symbole vivant du héros viril et bourreau des cœurs féminins. Buzz très différent aussi, car la révélation du sida puis de l’homosexualité de Rock Hudson détruisit un mythe, alors que la révélation de la séropositivité de Michael Johnson renforça un mythe.

Autrement dit, le grand public se désintéressa vite de Rock Hudson dès lors qu’il put le cataloguer comme homosexuel (le sida était alors généralement considéré comme une « maladie de pédés » donc comme un brevet d’infamie), alors que l’extraordinaire popularité dont jouissait Magic Johnson suscita l’intérêt du grand public pour cette maladie qui, six ans après la mort de Rock Hudson, perdait son sceau d’infamie à mesure qu’elle touchait des personnes « de tout bord » et que des personnalités aussi connues qu’Hervé Guibert en parlaient dans les médias.

Donc l’hétéro Magic Johnson éveilla beaucoup plus de consciences à lui seul que la plupart des homos seuls ou à plusieurs. Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai même pas pensé. Oui, le double travail de plaidoyer et d’éveil des consciences est nécessaire, qu’il émane de la communauté LGBT ou de milieux hétéro, et qu’il s’adresse à la communauté LGBT ou aux milieux hétéro. On se souviendra encore de Magic Johnson dans vingt ans, mais ce n’est pas parce que tout le monde aura oublié les deux tourtereaux de Cabestany que leur initiative n’était pas, quelque part, tout aussi nécessaire que les actions de Magic Johnson.

C’est justement là où je voulais en venir. L’action communautaire n’a de valeur et d’impact que si elle ne tourne pas en circuit fermé, de même que les initiatives étrangères à la communauté ne doivent pas être négligées sous prétexte qu’elles lui sont étrangères. Certains devraient en tenir compte avant de faire n’importe quoi : il est aussi absurde d’agiter un chiffon devant un taureau en liberté que de se promener sans arme ou armure devant ce même taureau.

Pour en revenir à notre basketteur magique, je signale qu’il milite depuis vingt ans pour une meilleure prophylaxie et pour une meilleure information concernant le VIH/sida, en particulier à travers la fondation qui porte son nom. Son principal regret est que les gens croient, le voyant en bonne santé après vingt ans de séropositivité, que l’on peut fort bien vivre avec le VIH et que cela ne sert à rien de se protéger. Grave erreur. Autant prétendre rester vivant à la roulette russe sans retirer toutes les balles du barillet…

Philca / MensGo
(via quelques rares médias non sportifs, dont RedHOT.org du 8 novembre et 24 Heures du 9 novembre 2011)

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