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Et si le coronavirus entraînait une annulation massive des Gay Prides ?

(Blogmensgo, blog gay du 4 mars 2020) Alors que l’on ne recense en Suisse aucun cas sérieux de coronavirus (Covid-19), le pouvoir exécutif a interdit toute manifestation de plus de 1.000 personnes entre le 28 février et le 15 mars 2020. En France, à l’heure où je relis ce texte, quatre personnes sont mortes du Covid-19 (ou d’une maladie opportuniste liée au Covid-19) et les manifestations en espace confiné d’au moins 5.000 personnes sont maintenant interdites. Autrement dit, sous réserve que les mesures d’interdiction provisoire se prolongent, la tenue des Gay Prides en Suisse, en France et ailleurs est désormais compromise.

Aucun mort en Suisse pour l'instant, mais cela peut-il durer ? © statistichecoronavirus.it

Coronavirus et conséquences

À l’heure où je relis ces lignes, la Suisse ne compte aucun décès dû au Covid-19. Sur les 93 personnes infectées (presque quatre fois plus que deux jours auparavant), aucune n’est sérieusement atteinte et trois personnes contaminées ont été guéries. Alors, pourquoi une décision aussi radicale et un seuil aussi faible ? La réponse tient plus à la géographie qu’à la médecine : la Suisse est frontalière de l’Italie et de l’Allemagne, où l’épidémie de Covid-19 est nettement plus préoccupante.

Le 4 mars, le Covid-19 avait déjà tué 82 personnes en Italie et infecté 2.634 personnes dont 229 grièvement. En Allemagne, on déplorait 244 contaminations, dont 2 graves, mais aucun décès. C’est dire que l’étau se resserre autour de la Suisse. Le pouvoir exécutif helvétique (Conseil fédéral) a pris la mesure d’interdiction alors que le ministre de la Santé ne recensait qu’une quinzaine de cas positifs et une centaine de personnes mises en quarantaine.

En France, pourtant elle aussi frontalière de l’Allemagne et de la l’Italie, le seuil d’interdiction des manifestations a été placé à 5.000 participants après le deuxième décès sur 130 contaminations et alors qu’il restait encore 9 cas graves à soigner (au 4 mars, on dénombrait 4 décès et 212 personnes infectées). Les raisons d’un seuil de participation plus élevé tiennent aux enjeux économiques plus importants en France qu’en Suisse et à la moindre proximité de l’Allemagne et de l’Italie par rapport à l’ensemble du territoire hexagonal. Même si une partie de ma famille réside dans l’une des villes françaises les plus touchées par l’épidémie.

Outre le nombre de participants, les critères d’interdiction concernent aussi la notion d’espace confiné. Une notion, là encore, à géométrie variable. Qu’est-ce qu’un espace confiné ? Des voyageurs dans un train circulent-ils dans un espace moins confiné que des spectateurs placés sur le parcours d’un marathon ou dans un stade de football ?

Quoi qu’il en soit, la Suisse a déjà annulé le Salon de l’automobile de Genève. D’autres grandes manifestations économiques et sportives risquent l’annulation dans le pays. Dans tous les cas, la loi helvétique sur les épidémies ne prévoit aucune indemnisation pour les organisateurs de tels événements. Ailleurs, de prestigieux salons du livre sont annulés, par exemple à Leipzig, à Paris et à Londres.

La saison des Gay Prides est compromise

Faut-il vraiment annuler même les événements les plus populaires ? La République tchèque a choisi une demi-mesure : faire jouer à huis clos certaines rencontres sportives plutôt que les annuler. C’est ainsi que les épreuves de biathlon se dérouleront comme prévu à Nové Město, du 5 au 8 mars 2020, mais en l’absence de spectateurs. En revanche, les sportifs et leur encadrement seront bien là, alors qu’ils reviennent pourtant d’Antholz, en Italie, où se disputait la précédente manche de la Coupe du monde.

Et si la propagation du Covid-19 entraînait l’annulation des Gay Prides dans les pays touchés ? La saison des défilés arc-en-ciel concerne surtout, par exemple en France, des événements en mai et juin. Mais quid de la Gay Pride de Tignes, dont la prochaine édition est programmée le 19 mars 2020, en marge de l’European Snow Pride (14-21 mars) ? La Marche des fiertés sera-t-elle honorée par des marcheurs et des marcheuses (ou des skieurs et des skieuses en cas de forte neige) et par un nombreux public ?

L’idée d’organiser des événements à huis clos, comme les épreuves de biathlon à Nové Město, n’a aucun sens dans le cadre d’une Gay Pride. Assembler un cortège en interdisant au public d’assister au défilé ou de se joindre à lui ? Autant organiser un concert sans spectateurs ou convoquer un office religieux sans fidèles.

L’avenir dira si le coronavirus accrochera les principales Gay Prides à son sinistre tableau de chasse. Il est encore trop tôt pour se livrer au jeu des pronostics. Mais le risque encouru, notamment financier, est considérable ; en Suisse plus qu’ailleurs, puisque les interdictions de rassemblement ne sont pas indemnisées, comme on l’a noté en début d’article.

Genève, Zurich et Bulle retiennent leur souffle

Prenons par exemple la Geneva Pride. En 2019, cela ressemblait à ceci ;

La prochaine Marche des fiertés est programmée pour le 4 juillet 2020 à Genève. Une éventuelle annulation ne ruinerait pas seulement les efforts des entités impliquées, à titre direct ou indirect, dans l’organisation : sponsors, agences de tourisme, hôtels et autres entreprises locales (location de véhicules, de matériel audio-vidéo), journalistes et photographes, etc. L’effet serait encore plus désastreux pour la communauté LGBT elle-même, qui serait alors privée du plus médiatique de tous les porte-voix. Pour la communauté LGBT, mais aussi et surtout pour ses efforts de communication, de prévention, de plaidoyer. Car même si les Suisses ont récemment voté en février 2020 en faveur d’une protection judiciaire contre l’homophobie, il reste encore beaucoup à faire pour y instaurer une réelle égalité des droits entre tous les citoyens, quelles que soient leur identité de genre et leur orientation sexuelle.

Le même cas de figure risque de se présenter un peu plus tôt, en l’occurrence le 20 juin, pour la Zurich Pride 2020. Le défilé de cette année a pour slogan Bekenne Farbe gegen Hass, que l’on pourrait traduire par Hissez les couleurs contre la haine.

On peut espérer que le Covid-19 aura été éradiqué d’ici 2022. Car cette année-là, une Gay Pride se tiendra en Romandie pour la deuxième fois en dehors d’une capitale de canton (la fois précédente, c’était à Bienne en 2008). Ce sera en l’occurrence dans la commune de Bulle, chef-lieu du district de la Gruyère, lui-même sis dans le canton de Fribourg.

2022, c’est loin. Et ce sera bien loin du coronavirus, espérons-le pour Bulle, pour sa première Gay Pride et pour l’ensemble de la communauté.

En attendant, on appréciera ci-après le clip officiel pour la Zurich Pride 2020, dont la bande-son est particulièrement efficace…

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Entre la peste et le sida

Terminons ce déjà trop long article par deux références à d’autres pandémies que celle du coronavirus.

Depuis que la situation épidémiologique devient alarmante, les libraires – un peu en France et surtout en Italie – constatent une ruée de la clientèle vers La Peste d’Albert Camus. On y trouvera certes l’évocation d’une épidémie, en l’occurrence de peste bubonique, mais il s’agit là d’une évocation à la fois fictionnelle et métaphorique. Rien à voir avec une « vraie » peste ou avec le coronavirus : la peste dont parle Camus est une métaphore du nazisme, de son expansion et de la lutte contre ce chancre de l’intellect. Ce n’est peut-être pas un hasard si le nazisme et le fascisme ont été qualifiés, rétrospectivement, de peste brune.

Je me souviens que des fous de Dieu prétendaient – et certains osent encore l’affirmer – que le sida était un châtiment de Dieu contre l’homosexualité et les homosexuels. Le coronavirus sous toutes ses formes, en particulier celle du Covid-19, c’est un châtiment de Dieu contre qui et contre quoi ? J’attends leur réponse – et pressens que d’aucuns voudront y voir une intervention divine à l’encontre de tout ce qui les irrite et de tous ceux qui leur déplaisent. Leurs interprétations hallucinées trouveront bien un moyen d’y caser de l’homophobie ici ou là… si toutefois le coronavirus leur en laisse le temps.

Philca / MensGo

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