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Photo de manif

Les homophobes de Westboro (au fond) croient qu'Obama est l'Antéchrist, c'est dire… © Wikipédia / Paul M. Walsh.

(Blogmensgo, 3 mars 2011) Par un arrêt du 2 mars 2011 (ici en PDF), la Cour suprême des États-Unis a estimé que les propos homophobes de l’Église baptiste de Westboro, au Kansas, restaient conformes, en dépit de leur extrême virulence, au premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté d’expression. Le groupuscule religieux (fiche Wikipédia) avait notamment manifesté en 2006 pendant l’inhumation de Matthew Snyder, militaire de 20 ans tué en Irak, en brandissant des pancartes où l’on pouvait lire des slogans tels que « Dieu déteste les pédés » (c’est aussi le nom que cette congrégation religieuse donne à son site web, inaccessible à l’heure où j’écris ceci).

La justice a dans un premier temps accordé 11 millions de dollars pour préjudice moral à la famille du jeune défunt, mais la Cour suprême a cassé ce jugement par huit voix contre une. Les garants de la Constitution considèrent que la liberté d’expression doit rester pleine et entière, même dans un cas extrême comme celui-ci où des propos haineux étaient proférés à l’occasion d’un enterrement, et même si les manifestants homophobes ne représentaient pour ainsi dire qu’eux-mêmes.

Le verdict de la Cour suprême a bénéficié d’un large soutien aux États-Unis, y compris parmi la presse et les organismes de soutien aux droits civiques, toujours au nom du premier amendement constitutionnel. Fort d’une telle décision, le groupuscule de Westboro – dont les quelques dizaines de membres appartiennent presque tous à la même famille – affirme qu’il continuera de proférer ses slogans homophobes jusque sur la tombe des soldats. Ce groupuscule prétend que les morts, défaites militaires et catastrophes en tout genre sont des châtiments divins à l’encontre des homosexuels, de l’homosexualité et de sa légalisation.

Commentaire. Aussi choquant qu’il puisse paraître, cet arrêt de la Cour suprême ne légitime nullement l’homophobie. Il stipule que la liberté d’expression garantie par la Constitution des États-Unis ne souffre quasi aucune exception. Ainsi le fait de brûler un drapeau américain n’est-il pas considéré comme un délit ou un crime.

Cette décision judiciaire n’a donc rien d’homophobe. Aux États-Unis, l’inénarrable John Galliano ne pourrait pas être poursuivi pour avoir affirmé que la place des Juifs est dans un four crématoire. De même le rappeur français dont j’ai oublié le nom ne pourrait pas être condamné pour avoir chanté son dégoût que le maire de Paris soit un pédé (me souviens plus des paroles exactes). En revanche, au nom de ce même premier amendement de la Constitution, Galliano et le rappeur machin pourraient légitimement être sanctionnés par leur employeur respectif si celui-ci était domicilié aux États-Unis. Là encore au nom du premier amendement de la Constitution, en arguant que le licenciement est une manière d’exprimer son opinion.

Une chaîne de télévision américaine pourra donc légalement diffuser des propos affirmant que les Juifs méritent la chambre à gaz et que les homosexuels sont des pervers sexuels ou des créatures de Satan. Mais la même chaîne risquerait de perdre des millions de dollars – voire son autorisation d’émettre – si elle s’avisait de donner la parole à des gens qui disent « putain de bordel ! » ou « connerie de merde ! » à l’occasion d’une émission de plateau.

Bref, les Américains préfèrent sanctionner la forme (obscénités, nudité, etc.) plutôt que le fond (homophobie, antisémitisme, racisme, etc.).

Philca / MensGo

(via toute la presse, dont AFP du 2 mars et Washington Post du 3 mars 2011)

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