mai 202009
 
Photo de Jim Carrey et Ewan McGregor

En résumé et pour faire très court, il fallait au moins, de g. à d., Ewan McGregor et Jim Carrey pour transformer les vessies de l'homosexualité carcérale en lanternes de la comédie cinématographique (ça va, la légende n'est point trop longue ni trop stupide ?). © Europacorp.com.

(Blogmensgo, 20 mai 2009) I Love You Phillip Morris est une histoire un peu fumeuse racontant les aventures d’un affabulateur gay qui assume enfin son homosexualité sans renoncer à mentir comme il embrasse : goulûment. Jim Carrey interprète le rôle d’un mytho gay soi-disant hétéro que ses arnaques conduisent en prison, où il découvre le grand amour auprès de son codétenu, Ewan McGregor.

Le long-métrage brigue à Cannes la Caméra d’or du meilleur film présenté au concours parallèle de la Quinzaine des réalisateurs.

Les réalisateurs, Glenn Ficarra et John Requa, ont préféré la comédie au drame et au romantisme. Les seules larmes du film (fiche Allociné) seront donc celles du rire. Le scénario s’inspire de l’histoire vraie de Steven Russel, ce roi de l’évasion qui purge actuellement une peine d’emprisonnement à perpétuité – en attendant sa prochaine évasion.

Commentaire. Espérons que la version française du film ne conservera pas ce titre complètement idiot auquel je dois mon calembour le plus vaseux de l’année. Espérons aussi que Jim Carrey, comédien populaire s’il en est, aidera à banaliser l’homosexualité sans la présenter sous un angle réducteur ni ridicule.

Philca / MensGo
(via NouvelObs.com et Info Monde du 20 mai 2009)

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mai 192009
 

(Blogmensgo, 19 mai 2009) Aux termes d’un accord, les laboratoires américains Gilead Sciences et Bristol-Myers Squibb (BMS) annoncent la commercialisation en France de l’Atripla, qui constitue la première trithérapie en un seul comprimé quotidien. L’Atripla est déjà vendu dans 59 pays. [Update : Selon nos informations, ce médicament ne sera commercialisé en Suisse qu’à partir du troisième trimestre 2009.]

Photo du médicament Atripla

Atripla, la trithérapie au prix fort. © Grazielaraujo.

Cette gélule est un hybride de trois molécules issues des laboratoires BMS (efavirenz) et Gilead Sciences (emtricitabine et fumarate de ténofovir disoproxil) respectivement commercialisées sous les marques Sustiva et Truvada.

Au milieu des années quatre-vingt-dix, les trithérapies anti-VIH nécessitaient jusqu’à trente médicaments par jour. L’Atripla réalise donc un exploit, mais au prix fort : plus de 830 euros pour une boîte mensuelle, soit exactement le prix cumulé des deux médicaments auxquels il se substitue. La seule ristourne annoncée n’entrera en vigueur qu’en 2010 et sera de 6 %.

Le presque nouveau médicament s’adresse aux patients sous traitement n’ayant jamais connu d’échec avec d’autres antirétroviraux, séropositifs dont le taux de VIH est devenu indétectable.

Commentaire. Les deux labos américains facturent leur innovation à prix d’or et Gilead aurait porté plainte contre le génériqueur israélien Teva, qui prépare une version générique de l’Atripla. Si ça n’est pas de la rapacité, le comportement de Gilead et BMS y ressemble beaucoup. On espère pour ces braves industriels impécunieux que les autres brevets de leur portefeuille sont vraiment indispensables et sans concurrence…

Philca / MensGo
(via Le Figaro et Le Monde du 15 mai 2009)

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mai 182009
 
Photo d'Elfriede Jelinek

Elfriede Jelinek écrit aussi pour dire non à la transphobie. © Ulla Montan, Stockholm.

(Blogmensgo, 18 mai 2009) En marge du 17 mai 2009, Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, Roselyne Bachelot, ministre française de la Santé, a annoncé que la France allait retirer la transsexualité de la nomenclature des maladies mentales. Un décret sera prochainement publié à cet effet.

La ministre a récemment saisi la Haute Autorité de la santé en ce sens. L’organisme indépendant procède, depuis le 3 avril et jusqu’au 31 mai 2009, à une consultation publique sur « la prise en charge médicale du transsexualisme en France ». On peut télécharger (en PDF) une version provisoire du rapport et y réagir.

En France, les soins liés à la transsexualité sont jusqu’à présent pris en charge au titre d’une « affection de longue durée » bénéficiant de l’exonération des frais non remboursés par l’Assurance-Maladie. La prise en charge se fait toutefois dans le cadre des « troubles de l’identité du genre ».

L’annonce du 16 mai 2009 est une première mondiale, selon un communiqué (format .doc) du comité de l’International Day Against Homophobia (Idaho). La date choisie n’est pas innocente, puis que le 17 Mai se focalisait cette année sur la lutte contre la transphobie. Plusieurs personnalités, parmi lesquelles deux lauréates du prix Nobel, Françoise Barré-Sinoussi (médecine) et Elfriede Jelinek (littérature), ont également profité de l’occasion pour cosigner une tribune appelant l’Organisation mondiale de la santé et les Nations unies à cesser de considérer la transidentité comme une affection psychiatrique et les transsexuels comme des malades mentaux.

Philca / MensGo
(via TF1/LCI, AFP et Libération du 16 mai 2009)

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mai 142009
 

(Blogmensgo, 14 mai 2009) Dans son rapport 2009 portant sur l’année 2008, l’association SOS Homophobie constate la persistance des actes homophobes en France, voire un triplement des propos homophobes sur le Net. Bien que « l’homosexualité semble globalement un peu mieux acceptée dans la société » française, elle demeure très forte au travail, dans la famille et maintenant aussi dans le voisinage.

Rapport 2009 de SOS Homophobie

La France est un hexagone aux six angles homophobes. © Sos-homophobie.org.

La montée en puissance du Net homophobe résulte à la fois de l’accroissement du taux de connexion, de l’anonymat sur les forums et de la plus grande visibilité des gays, des lesbiennes, des transsexuels et de leurs thématiques, ce qui a pour effet d’accroître proportionnellement les phénomènes de rejet, d’exclusion ou d’invectives.

L’association française consacre désormais son champ d’action prioritaire au monde du travail, où les dérives homophobes, fermement relayées par une politique de déni, continuent de faire des ravages. SOS Homophobies veut notamment sensibiliser les syndicats, les recruteurs et les responsables des ressources humaines.

Tout n’est pas uniformément négatif. Ainsi le rapport 2009 souligne-t-il certains efforts méritoires des pouvoirs publics, de même qu’une nette régression des agressions physiques à caractère homophobe.

Il peut être salutaire, le cas échéant, de demander réparation en justice. C’est ce qui a permis de faire condamner Pierre Pechery, en mars 2009, à six mois de prison avec sursis et 8 000 euros de dommages et intérêts pour avoir harcelé psychologiquement un subalterne en 2001. Pierre Pechery dirigeait alors une filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) ; six ans plus tard, il dirige une autre filiale de la CDC et sa condamnation ne sera pas mentionnée sur son casier judiciaire. La peine semble bien légère au regard du préjudice…

D’où l’interrogation de Stéphanie Arc et Jacques Lizé, vice-présidente et président de SOS Homophobie : « Faut-il des procès, des scandales, des suicides ou des crimes pour que la société finisse par prendre en compte une problématique, pour que les acteurs et institutions mettent en place une autre politique que celle de l’autruche ? »

Philca / MensGo
(via Le Monde du 19 mars, La Croix et Le Mondedu 14 mai 2009)

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mai 132009
 
Photo du film Nuits d’ivresse printanière

Le cinéaste Lou Ye est un drôle d'oiseau qui aime les corps beaux. © Rosem Films.

(Blogmensgo, 13 mai 2009) C’est demain jeudi 14 mai 2009 que le Festival de Cannes accueille, en compétition officielle, un film du réalisateur chinois Lou Ye intitulé Nuits d’ivresse printanière (Chun feng chen zui de ye wan), dont le thème principal est celui d’une liaison gay en Chine. Le film a été tourné clandestinement à Nankin au printemps 2008, alors que son réalisateur avait été interdit de réalisation pendant cinq ans par la Chine : son précédent film, Palais d’été, qui évoquait les événements de Tiananmen, avait été présenté en 2006 au Festival de Cannes sans autorisation officielle. La Chine ferait à nouveau pression, cette année, pour interdire la projection du film dissident à Cannes.

[Update. Le film a obtenu le prix du meilleur scénario, le dimanche 24 mai 2009.]

Nuits d’ivresse printanière raconte une histoire d’amour à trois, entre deux hommes jeunes et aussi avec une femme trompée. Le sujet évoque Jules et Jim (fiche Wikipédia), film de François Truffaut que le cinéaste chinois cite lui-même en référence. Le film et son titre font également référence à un auteur chinois, Yu Dafu, dont un roman mettait en scène deux amants homosexuels.

Être homosexuel en Chine, « c’est plus simple qu’au siècle dernier », explique Lou Ye dans le dossier de presse du film. Et Lou d’ajouter : « Dans le document Chinese Mental Health Regulations [réglementation de la santé mentale chinoise] daté de 2001, l’homosexualité est encore qualifiée de maladie mentale. Mais, en 2005, il y a eu un véritable dialogue entre le vice-ministre de la Santé et les associations d’homosexuels et de lutte contre le sida. C’est un énorme pas en avant, même si de nombreux problèmes restent à résoudre. »

Faute d’autorisation officielle, Lou Ye a dû se tourner vers la France (en particulier la région Île-de-France) et vers Hongkong pour obtenir les financements nécessaires à la réalisation du film. Nuits d’ivresse printanière l’emportera-t-il sur les 19 autres films en compétition ? Le cas échéant, l’exploit serait plus formidable encore que celui de Harvey Milk aux Oscars 2009.

Philca / MensGo
(via AFP du 12 mai, Têtu et Aujourd’hui la Chine du 13 mai 2009)

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