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Quand l’Afrique de l’Ouest donne d’elle-même une image pitoyable

Emblème de l'Union africaine

(Blogmensgo, 23 avril 2009) La récente libération des neuf Sénégalais emprisonnés pour homosexualité (cf. notre article du 20 avril 2009) a suscité, dans la presse sénégalaise, plusieurs commentaires favorables et une avalanche de propos viscéralement homophobes. Un séminaire consacré à l’homosexualité n’a guère suscité plus d’aménité dans la presse malienne, comme l’atteste ce texte. On pourrait multiplier à l’infini les exemples, tant ils pullulent en Afrique de l’Ouest et dans le reste de ce continent.

Examinons, par un bref survol, les « arguments » brandis par les médias ouest-africains (en tant qu’auteurs ou vecteurs, peu importe) et leurs messages de haine.
Le premier argument concerne l’atteinte à la morale et aux valeurs religieuses, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes. « Ce qu’il y avait de choquant dans la rencontre du mois de septembre, c’est qu’elle se déroulait en plein mois de carême », s’étrangle un « journaliste » malien au sujet d’un séminaire sur l’homosexualité.
Le deuxième argument porte sur le caractère soi-disant contre-nature de l’homosexualité, dont la prétendue déviance serait assimilable à une maladie mentale et dont le risque serait de provoquer une extinction de la race.
Le troisième argument porte sur le risque sanitaire et social ; sanitaire car « les pédés sont les vecteurs du sida » (je résume), social car ces « “pédés” partouzards » (sic) pervertissent la société et sa jeunesse.
Enfin, quatrième argument, les homosexuels seraient assimilables à des pédophiles.

Difficile de contrer, en quelques mots, un argumentaire aussi affligeant. On va juste énoncer, pêle-mêle, quelques vérités.
1. Ne pas confondre morale et moralité, la moralité n’étant rien d’autre que l’apparence d’une morale (que la plupart des « fidèles » trahissent à longueur de semaine dès qu’ils sortent de l’église ou de la mosquée, soit dit en passant). Contraire au Coran et à la Bible, l’homosexualité ? Le meurtre est contraire aux préceptes de la Bible, mais l’on consacre beaucoup de temps à se trucider dans l’Ancien Testament. Alors, que vaut la Bible ? Et que vaut un texte soi-disant universel qui reste muet sur des sujets aussi cruciaux que la télévision, les fusées spatiales, l’utilisation d’Internet ou la thérapie génique ?
2. Provoquer une extinction de la race, l’homosexualité ? En admettant – pour prendre un chiffre rond – qu’il y ait 10 % d’homosexuels au sein de la population et en doublant ce chiffre pour qu’il atteigne 20 % à seule fin de démonstration : il faudrait vraiment être le plus nullissime des mathématiciens pour croire que 20 % d’homosexuels auraient le pouvoir de réduire à néant la procréation de 80 % d’hétérosexuels. Non, la race humaine n’est pas en danger et elle ne l’a jamais été ! Quant à prétendre que l’homosexualité est contre-nature, cela signifie que l’on n’a jamais observé la… nature : au moins 450 espèces d’animaux pratiquent l’homosexualité à plus ou moins grande échelle, sans être pour autant des « dégénérées ».
3. L’homosexualité n’est pas une maladie, et encore moins une maladie contagieuse. Elle n’est donc pas susceptible de « contaminer » la jeunesse. Et elle ne « pervertit » pas plus la jeunesse que le bourrage de crâne pratiqué par des fanatiques religieux qui prétendent inculquer les fondements de la foi à des moutards avant même que ceux-ci soient en mesure de comprendre ce qu’on leur raconte. Quant à la prévalence du VIH/sida nettement supérieure chez les gays, elle est due en grande partie à la stigmatisation dont ils sont l’objet, qui les oblige le plus souvent à vivre leur sexualité dans la clandestinité sans pouvoir accéder aux méthodes de prophylaxie les plus élémentaires.
4. Si les mots pédérastie et pédophilie partagent la même racine grecque, les pédés n’ont rien à voir avec les pédophiles. La pédophilie implique des rapports sexuels contraints (la victime est violée), tandis que les rapports homosexuels se pratiquent entre partenaires consentants (il n’y a ni viol ni victime).

Difficile, donc, de répondre à l’ensemble des arguments que brandissent les adversaires de l’homosexualité. Les quelques textes ci-dessus (cf. les liens du premier paragraphe) émanent de personnes mal informées ou malintentionnées. Leur phraséologie ressemble à s’y méprendre à celles qu’utilisaient des « médias de la haine » qui, naguère ou jadis, préparèrent et s’efforcèrent de justifier des cataclysmes majeurs de l’histoire humaine.
Relisons ces textes, mais cette fois-ci en remplaçant homosexualité par négritude. Ça sonne tout de suite plus glauque, non ? Ou bien relisons ces textes en remplaçant gay par juif, ou encore homosexuel par musulman (ou protestant ou catholique, en fonction du contexte), ou peut-être pédé par négrillon… Ainsi modifié, le texte d’origine devient-il plus défendable pour autant ?

Ah oui, j’allais oublier le sempiternel argument de l’homosexualité comme produit d’importation, ignoble résidu tout droit venu de l’Occident (bref, une variante de la thèse du complot). Eh bien, chers amis africains, sachez que le taux d’homosexualité dans la population est pratiquement le même en Europe, aux États-Unis… et en Afrique. Sauf qu’en Afrique, les gens n’ont pas – ou peu – le droit d’affirmer qu’ils sont homosexuels et de vivre leur homosexualité sans aller en prison ni se faire lyncher.

Philca / MensGo

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