fév 192010
 
Rapport de la HAS

Rapport en PDF (clique, ça s’ouvre dans une nouvelle fenêtre). © Has-sante.fr.

(Blogmensgo, 19 février 2010) La Haute Autorité française de santé (HAS) a publié, le 18 février 2010, un rapport (en PDF) sur la « situation actuelle et les perspectives d’évolution de la prise en charge médicale du transsexualisme ». Le rapport étudie la prise en charge médicale, sociale, administrative et juridique de la transidentité des adultes, en pointe les errements et les dysfonctionnements, et propose des améliorations.

La HAS constate que l’absence de textes spécifiques sur l’accompagnement juridique des trans rend leur changement d’identité long, complexe, aléatoire et parsemé de décisions inéquitables et de vexations au quotidien.

Sur plus de deux cents pages, le rapport analyse le contexte français et le compare aux diverses situations rencontrées en Europe, de même qu’il confronte les avis des principaux intervenants concernés par le processus transidentitaire, en particulier les psychiatres, les endocrinologues, mais aussi (pages 81-89) les personnes transsexuelles. Sont également analysées et jaugées toutes les étapes du processus, depuis le premier rendez-vous avec un praticien jusqu’au changement effectif d’état-civil, en passant par le traitement hormonal, la chirurgie de réassignation et l’accompagnement postopératoire.

Pour remédier en partie à cette approche empirique et pas toujours humaine en France, la HAS préconise de confier la prise en charge du processus transidentitaire à des « centres de référence » multidisciplinaires associant psychiatres, endocrinologues, chirurgiens spécialisés, infirmiers, assistantes sociales et juristes.

Commentaire. Ce rapport, conçu en novembre 2009, a au moins le mérite d’exister. On espère qu’il aura des répercussions concrètes et positives, ces fameux « centres de référence » pouvant être considérés comme un progrès si leur création s’accompagne de moyens financiers et humains suffisants.
On craint toutefois un effet pervers majeur : l’impossibilité pour les personnes « traitées » de choisir leur propre praticien référent. Dommage aussi que le rapport de la HAS ait éludé plusieurs aspects aussi cruciaux que la transidentité chez les personnes mineures ou encore l’accompagnement esthétique (visuel, vocal, etc.) du changement de genre.
Le principal reproche concerne l’abus de psychiatrie dans ce rapport et dans la manière dont l’administration française « gère » la transidentité. On n’impose pas un suivi psychiatrique aux gens qui veulent se faire opérer de la hanche. Mauvais exemple ? En voici un meilleur : les hommes qui veulent se faire grossir la zigounette et les femmes qui consultent pour se faire rehausser les nichons, sont-ils astreints à un suivi psychiatrique ? Et puis si la HAS voulait bien cesser d’utiliser cet horrible mot transsexualisme, on ne s’en porterait pas plus mal.
Il n’y a certainement pas plus de malades mentaux au sein de la population transsexuelle que parmi les militaires et les policiers…

Philca / MensGo

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fév 172010
 
Livre Les adolescents troglodytes

Ce livre eût largement mérité le Goncourt ! © www.Blogmensgo.fr / Philca.

(Blogmensgo, 17 février 2010) Puisque l’on parle beaucoup de transidentité ces temps-ci, voici quelques notes au sujet d’un roman d’Emmanuelle Pagano intitulé Les adolescents troglodytes ; le livre date de 2007, mais il se trouve que je l’ai lu il y a quelques jours.

C’est l’histoire d’une femme née dans un corps d’homme.

Un roman sans barnum ni esbroufe, sensible mais dénué de sensiblerie, sans rhétorique ni voyeurisme, pudique sans angélisme. Un roman, un vrai ; un roman de littérature, pas un roman à programme, et encore moins un machin didactique ou démonstratif. Un roman interdit au lectorat mononeuronal, puisqu’il faut bien comprendre que la narratrice dit il en parlant de son identité d’avant et elle en évoquant l’identité actuelle qui est la sienne.

Un roman magnifique. Émouvant. Fort bien écrit, même si c’est au plus près de la plume. Astucieusement construit et parfaitement maîtrisé…

Donc, c’est l’histoire d’Adèle, « chauffeuse » de ramassage scolaire. Adèle qui n’a pas toujours été Adèle. Femme par opération et mère par procuration, grâce aux gamins qu’elle achemine par tout temps.

L’auteure donne aux massifs montagneux omniprésents une dimension métaphorique, celle du changement physique d’Adèle et psychique de son frère. L’une s’est dépouillée de son enveloppe originelle, l’autre fait métier d’envelopper la montagne en restaurant ses contreforts. Mais ces deux actes apparemment antagonistes procèdent d’une même logique : une catharsis qui consiste à faire muer l’existant en respectant les saisons de la météo ou du désir. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le thème de l’accouchement – et de la fausse-couche – est omniprésent dans le livre.

Quatre extraits permettront de se faire une idée plus précise. Les pages renvoient à l’édition originale référencée ci-dessous.

« Se faire draguer, je trouve cette expression insupportable. Je me vois explorée jusqu’au fond, une perche pénétrante dans mes eaux, sondée jusqu’au cadavre. » (p. 37-38)

« [Mon frère] voulait me ranger dans une case un peu plus convenable pour lui. Dans certaines lettres il essayait de me faire avouer que j’étais un homosexuel refoulé, impossible pour lui de séparer identité et sexualité. Quand il écrivait ça, tu es un homo, je me voyais coucher avec une fille, ça me laissait perplexe. Je comprenais alors qu’il était complètement à côté, puisqu’il me voyait garçon couchant avec un garçon, quand j’avais déjà de si beaux seins, et le geste qui va avec. » (p. 117)

« J’essayais de me persuader que c’était impossible, que je n’avais pas d’utérus, pas d’ovaires, pas de trompes, et pourtant je sentais une poignée de chair se froisser en moi au-dessus du vagin, avec une régularité qui me paraissait à la fois implacable et démesurée.

J’avais mal à cet endroit impensable. J’avais mal à ce que je n’avais pas. Je saignais aussi, j’avais cette connaissance du sang. Je saignais sans une goutte. » (p. 138)

« Je sais que le temps passera sur les racontars, les blessures. Les ragots deviendront ce qu’ils auront cru cracher, une certaine vérité, la mienne. J’étais un garçon d’ici, et je ne suis jamais devenu un homme. J’étais un garçon, et je suis devenue une femme d’ici. Je sais que le plateau [montagneux] est assez grand pour que les bouches se fatiguent. » (p. 210)

Emmanuelle Pagano m’a fait pleurer – du nez, puisque mes yeux n’ont pas assez de larmes pour le faire spontanément.

Les adolescents troglodytes, d’Emmanuelle Pagano. POL, 2007, 218 pages.

[Update du 27 juin 2011. Emmanuelle Pagano a un nouveau site sous WordPress, incluant quelques pages à l’intention de ses lecteurs anglophones et germanophones.]

Philca / MensGo

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fév 162010
 
Photo du CSD 2009 à Berlin

La France a publié un décret. Et alors ? © Berlin.de / Enrico Verworner.

(Blogmensgo, 16 février 2010) Le ministère français de la Santé a publié, le 10 février 2010, un décret aux termes duquel « les troubles précoces de l’identité de genre » ne sont plus considérés comme des « affections psychiatriques de longue durée » par la Sécurité sociale. Cette mesure, présentée comme une première mondiale en matière de transsexualité (selon une terminologie administrative qui utilise parfois le mot transsexualisme), ne dissipe pas certaines interrogations.

Un communiqué de l’association Support Transgenre Strasbourg dénonce une décision « au timing hautement électoraliste » qui aura pour effet de supprimer la prise en charge des soins par la Sécurité sociale. L’équation semble en effet fort simple : plus de pathologie, donc plus d’accès aux soins, donc plus de remboursement des soins. C’est du moins ce que redoute l’association, dont le communiqué n’a pas de mots assez durs pour fustiger la transphobie de l’État français et de ses institutions.

Dans un communiqué du 18 septembre 2009 le ministère de la Santé s’engageait ainsi : « La prise en charge de ces patients [transidentitaires] sera désormais assurée dans le cadre du dispositif des affections de longue durée dites « hors liste » (31e maladie), comme le proposait la Haute Autorité de santé (HAS) […]. » Cette même HAS qui veut créer des « centres de référence sur le transsexualisme » et qui s’obstine à parler de « troubles de l’identité de genre »…

Le « transsexualisme » reste considérée comme une affection psychiatrique par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme l’atteste l’actuelle classification internationale des maladies (CIM-10, chapitre V, F64.0). La CIM-11, en cours d’élaboration depuis 2007, ne changera sans doute rien à l’affaire.

Contrairement à d’autres pays comme le Brésil (cf. nos articles du 21 août 2008 et du 28 octobre 2009), la France freine des quatre fers pour accompagner les chirurgies d’acquisition transidentitaire et pour autoriser les changements d’état-civil.

[Update du 16 février 2010. Pour un éclairage plus circonstancié, lire le texte d’OUTrans en commentaire de cet article.]

[Update du 17 février 2010. Quelques infos et réactions supplémentaires chez LeZ Strasbourgeoises et sur le blog de Caphi (merci à Judith pour ces deux liens. J’en profite pour signaler ce lien d’OUTrans publié dans un commentaire d’hier.

Philca / MensGo
(via toute la presse, dont NouvelObs.com et Le Monde du 12 février, et Le Figaro du 14 février 2010)

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fév 152010
 
Affiche Aidsmap

Il ne reste plus qu'à espérer de bonnes nouvelles… © Aidsmap.com.

(Blogmensgo, 15 février 2010) Du 16 au 19 février 2010 se tiendra, à San Francisco (États-Unis), la dix-septième conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (Croi). Cette conférence mondiale évoque notamment la recherche sur le VIH/sida et les nouvelles thérapies porteuses d’avenir, à travers un programme très chargé (disponible aussi ici en PDF [lien retiré du Web]).

Les personnes intéressées peuvent obtenir des informations complémentaires sur le site de NAM. On peut aussi recevoir par courriel, en s’inscrivant sur cette même page, des résumés de la conférence dans six langues au choix (anglais, français, espagnol, portugais, russe et roumain). Une page spécifique à l’intention des francophones permet d’en savoir plus au sujet de l’événement et de ses thématiques.

Philca / MensGo
(via NAM, courriel du 8 février 2010)

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fév 142010
 
Photo de Charl van der Berg

Charl van der Berg. Et dans son resto gay du Cap, il enlève le reste ? © Worldwidemrgay.com

(Blogmensgo, 14 février 2010) C’est un beau Sud-Africain, Charl van der Berg, qui a remporté l’édition 2010 du concours Mr Gay World, à Oslo (Norvège). L’âge du lauréat varie entre 26 ans et 28 ans, selon les diverses pages mises en ligne par l’organisateur norvégien.

Charl exploite un restaurant gay au Cap. Ses trois dauphins, par ordre décroissant, proviennent d’Australie, de Hongkong et de Chine continentale. Eh oui, Xiadai Muyi, 26 ans, a bel et bien « représenté » la Chine – à titre officieux s’entend, puisque son pays ne veut pas d’une telle publicité (cf. notre article du 15 janvier 2010). La participation de Xiadai aura été tenue secrète jusqu’au dernier moment.

Un esprit sain dans un corps sain. Telle semble être la philosophie du beau Charl, qui apprécie tout autant la lecture et la musique (chanteur et guitariste, les sports extrêmes et le farniente.

Philca / MensGo
(via Le Figaro du 14 février 2010

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