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Rainbow eBooks meurt, vive le livre numérique !

Logo Rainbow eBooks
Rainbow eBooks. L'arc-en-ciel aura bientôt perdu ses couleurs…

(Blogmensgo, 21 septembre 2013) Un communiqué de Rainbow eBooks annonce que la librairie LGBT américaine indépendante cessera de vendre des livres gay et LGBT numériques (ebooks) après le 30 septembre 2013. Les éventuelles cartes-cadeaux ne seront plus valables pour y acheter des ebooks gay au-delà de cette date.
[Article très long ci-après.]

Le communiqué de Rainbow eBooks, repris en page d’accueil du site, n’est pas daté et ne précise pas les motifs de la fermeture. La patronne, Tammy May, se borne à expliquer que les clients pourront encore sauvegarder leurs achats en les téléchargeant jusqu’au 31 décembre 2013.

5 % des bénéfices aux associations LGBT

Cette librairie, qui affirmait reverser 5 % de ses bénéfices à des associations de la communauté LGBT, n’aura donc vécu que trois ans et demi. Elle s’était taillé une petite réputation dans le monde éditorial LGBT.

Pourquoi cette disparition du cyberlibraire spécialisé Rainbow eBook, disparition aussi soudaine que celle du cyberlibraire généraliste Books On Board – dont j’étais client – il y a cinq mois ? La réponse se trouve peut-être dans la pénétrante analyse que livrait en avril dernier Michael Kozlowski, rédacteur en chef du site Good eReader.

Selon lui les cyberlibraires indépendants sont un peu victimes des mastodontes comme Amazon ou Apple, et beaucoup victimes d’une indolence qui confine à l’incompétence. Ces petits sites, explique-t-il en mentionnant Books on Board et le très connu Fictionwise, n’ont jamais su conjuguer trois compétences essentielles : savoir vendre, savoir concurrencer et surtout savoir innover.

Web 1.0 de papa

La plupart de ces sites en sont restés au Web 1.0 de papa, avec leur interface à la grand-papa, leur absence totale d’évolution, leur manque d’appétence pour les nouveaux appareils connectés (pour vendre des ebooks aux possesseurs d’iPad, autant leur fournir une appli qui leur simplifiera la vie et… l’achat) et leur immobilisme absolu.

Capture d'écran Rainbow eBooks
Rainbow eBooks en décembre 2010.

Qu’est-ce qui a changé dans l’interface de Rainbow eBooks ? La réponse en deux captures d’écran, ci-dessus et ci-dessous, effectuées à presque trois années d’intervalle.

Capture d'écran site Rainbow eBooks
Rainbow eBooks en septembre 2013.

Une petite centaine d’ebooks en catégorie nonfiction ? Vérification faite, l’offre légale de Rainbow eBooks dans cette catégorie est moins abondante que celle d’un réseau illégal américain bien connu – dont le nom résonne comme une bibliothèque – et qui affiche 178 références en catégorie lgbtq et 254 références en catégorie homosexuality, sans parler des sous-catégories. Peut-être faut-il voir le manque de poids du cybermarchand face aux éditeurs numériques.

Perte ou tremplin ?

Pour les auteurs autoédités ou les éditeurs à tirages confidentiels, on peut supposer que la disparition de Rainbow eBooks représentera une perte, mais peut-être aussi un tremplin. Peut-être comprendront-ils alors qu’il leur faut prendre en main leur destin.

Une option consiste pour eux à rejoindre Smashwords, plateforme anglophone – mais pas que – des auteurs autoédités et des petits éditeurs indépendants. Smashwords, lilliputien face aux géants du Web, a parfaitement compris qu’il se devait de jouer deux cartes à la fois, celle d’un cybervendeur en direct et celle d’un intermédiaire technique. Avec un bon millier de livres gay et lesbiens, Smashwords affiche une certaine réussite.

En apprenant la prochaine disparition de Rainbow eBooks, l’auteur autopublié Ryan Fields consacre lui aussi une analyse très pénétrante au devenir numérique des écrivains autoédités.

Fields estime que le cimetière des petites cyberlibraires n’a pas encore fini de se remplir. Face à cette mortalité numérique, il prédit que les auteurs autoédités n’auront d’avenir que s’ils se mettent eux aussi à vendre leurs propres ebooks sur leurs propres sites web.

Se prendre en main (sans masturbation)

Rainbow eBooks, explique Ryan Fields, œuvre dans un marché de niche, celui de la littérature LGBT, à une époque où le cybercommerce du livre et les acheteurs d’ebooks prennent l’habitude de vendre et d’acheter tout depuis un même endroit, qu’il s’agisse d’un site web ou d’une galerie marchande virtuelle. Et Fields d’argumenter aussitôt que même si un gay ne sent pas forcément le besoin d’aller dans une cyberlibrairie gay pour y acheter de la littérature gay, il n’en continuera pas moins de lire des livres à thématique gay au moins de temps en temps, quel que soit l’endroit où il les achète. C’est dire que le créneau du livre à thématique LGBT n’est nullement en voie de disparition.

La demande de livres numériques LGBT existe bel et bien. Elle peut même se satisfaire plus vite et pour moins cher qu’avec le bon vieux papier, les frais de port étant remisés au clou du Web 1.0.

Capture d'écran TAZ
Gentil fan ou méchant pirate ?

J’ai pu constater la réalité d’un tel marché, aussi exigu soit-il. La preuve par Jean-Paul Tapie. L’auteur est édité en livre papier, certaines de ses œuvres sont disponibles en version numérique. Sa tétralogie Dolko est même tombée dans le camion du plus gros forum pirate français spécialisé dans les ebooks (pas de nom, pas de lien, comprenne qui pourra).

Plus de 150 méchants pirates ont « remercié » leur fournisseur pour cette série numérique. Autrement dit, la tétralogie a été téléchargée par au moins 350 ou 400 pirates. Et ils en redemandent ! Avant-hier matin, l’un de ces méchants pirates réclamait son trèfle à quatre feuilles, son mouton à cinq pattes, son graal de pixels : « Je recherche le premier roman de Tapie Dolce Roma qui n'est plus dans le commerce. »

Pirate or not pirate ?

Le laconisme du message résume en lui-même le potentiel du numérique : faire revivre aussi des livres épuisés, republier des œuvres qui furent en avance sur leur temps et redonner une seconde chance de succès à des bouquins en leur offrant un nouveau public – ou même, comme le suggère Jean-Paul Tapie lui-même, publier des livres exclusivement ou d’abord en numérique.

Cela peut se faire même en autoédition et avec des moyens artisanaux. Ou, dans le pire des cas, en mode revival par des « pirates » ou par des fans. Car il existe au moins un cas de figure propice à l’auteur en cas de piratage : quand un lecteur pirate, qui jamais n’aurait acheté un livre de l’auteur piraté, se met en faire l’éloge ici ou là, suscitant un ou plusieurs achats du même livre qui aura finalement emprunté un chemin vertueux par des voies détournées.

D’aucuns se tournent vers les réseaux pirates par nécessité : quand ils achètent légalement des ebooks et découvrent qu’ils ne peuvent pas les utiliser ou même les télécharger correctement sur leur propre matériel à cause des verrous numériques (les fameux DRM) que des logiciels gratuits font sauter en un tourneclic.

Ebooks LGBT cherchent sources et cibles

Quoi qu’il en soit, le livre numérique est propice au développement d’ebooks à thématique LGBT. D’abord parce que la lecture sur liseuse ou tablette est avant tout un acte discret. On lit un texte sans que les voisins de métro ou de bus ne puissent deviner quel texte on lit, puisqu’ils n’en voient pas la couverture. D’où l’incroyable succès de deux catégories au box-office du livre numérique : le roman sentimental et le roman érotique.
(Lire aussi nos chroniques de l’été 2012 sur les livres gay numériques [1], [2], [3] et notre article du 27 mars 2013 intitulé Adopte un auteur gay.)

Capture d'écran Feedbooks
Feedbooks. On espère pour eux qu'ils savent mieux vendre que classer.

Les éditeurs grand public l’ont bien compris qui n’hésitent plus à s’investir dans ces deux créneaux-là. Quelques éditeurs s’en sont même fait une spécialité, à l’image de La Musardine dans le secteur de l’érotisme et de la pornographie.

Plusieurs cybermarchands généralistes, eux aussi, comprennent l’intérêt commercial de cibler une clientèle gay et lesbienne. Mais la mise en application semble parfois laborieuse, voire poussive.
Pas de catégorie gay ou LGBT spécifique chez Amazon.fr, qui recense près de 200 livres papier si l’on tape lgbt mais seulement 20 ebooks Kindle (la liseuse adaptée à son format propriétaire d’ebooks).
Chez Feedbooks, la catégorie LGBT ne propose que sept ebooks en français et les sous-catégories gay et lesbienne n’en affichent respectivement que cinq et un.
Aucune catégorie arc-en-ciel spécifique chez ePagine, où l’on obtient quand même une quarantaine de titres en tapant homosexuel comme mot-clé et une centaine de références dont le titre inclut le mot gay (y compris si tel est le nom de l’auteur). Peut mieux faire…

Capture d'écran ePagine
L'art du classement selon ePagine… est très perfectible.

Et pourquoi pas ouvrir sa propre librairie en ligne ? Que l’on soit auteur, éditeur ou libraire, l’idée semble moins saugrenue qu’il n’y paraît. Et moins onéreuse que naguère, comme l’atteste Delphi Classics à travers une cyberboutique (fréquentée par les amateurs d’œuvres littéraires intégrales) construite sur une simple architecture basée sur une version périmée de WordPress. Une telle solution présente l’avantage de coûts très minimes, y compris et surtout pour une structure de petite envergure, par exemple un petit éditeur, un petit libraire ou un collectif d’auteurs. Chiche ?

En conclusion…

Quoi qu’il en soit, aucun ebook à thématique LGBT ne peut plus se passer, aujourd’hui, de trois ingrédients consubstantiels à la vie numérique : une réelle présence sur les grands sites marchands (de type Amazon, iTunes ou Google Play) et avec des commentaires clients pertinents (quitte à offrir un exemplaire à des clients estampillés top-100 ou top-500 commentateurs) ; un site web ou un blog attrayant et régulièrement mis à jour ; et une bonne visibilité grâce à un référencement de qualité. Ces trois ingrédients ont comme point commun d’être chronophages. Surtout lorsqu’un blog d’auteur gay ou d’éditeur LGBT suscite de nombreux commentaires, avec tout le travail de modération – et de gestion du spam – que cela entraîne.

Philca / MensGo
(via MobileRead.com du 16 septembre 2013)

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