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Genre garçon ou genre fille ?

Livre Cerveau rose, cerveau bleu
Les préjugés, eux, n’ont pas de sexe. ©Laffont.fr.

(Blogmensgo, 2 septembre 2011) Les éditions Robert Laffont ont publié, hier 1er septembre 2011, un livre de Lise Eliot intitulé Cerveau rose, cerveau bleu. Les neurones ont-ils un sexe ? Coïncidence, le livre sort en pleine polémique sur les notions de sexe, de genre, de sexualité, d’identité sexuelle et de pertinence d’inculquer ces notions aux lycéen français.

Entre garçons et filles, explique l’auteure, « les différences ne sont pas quantitativement très importantes et, dans de nombreux cas, bien plus modestes que celles, parfois énormes, qui existent entre hommes et femmes adultes ». Est-ce à dire qu’entre les deux sexes, la différenciation acquise l’emporte sur les différences innées ? De fait, le fœtus n’a pas de sexe à l’issue de la procréation. La différenciation physique ne commence qu’après six semaines de gestation et ne devient visible à l’échographie qu’après un trimestre au minimum.

Le fœtus prend-il conscience de son sexe ? Le nourrisson a-t-il conscience d’être un garçon ou une fille ? On sait que les garçons subissent deux poussées de testostérone majeures, cette double phase intervenant de la sixième à la vingt-quatrième semaine de gestation, puis pendant les six mois qui suivent la naissance. Cela suffit à expliquer la croissance prénatale plus rapide et plus volumineuse chez les garçons, mais la maturation des filles devient plus complète avant l’accouchement et permet à celles-ci de devenir physiologiquement plus résistantes pendant la petite enfance.

Et leur cerveau, dans tout ça ? Les différences comportementales ne sont pas statistiquement flagrantes entre les nourrissons des deux sexes, ni même pendant leur petite enfance. Les petites filles semblent toutefois acquérir la parole et le langage d’une manière plus rapide et plus complète. Dès l’âge de 2 ans, les garçons et les filles ont d’emblée tendance à préférer les jouets traditionnellement associés à leur sexe : camion, voiture et ballon pour les garçons ; poupée, dînette et maquillage pour les filles. En revanche, les chercheurs ne sont pas tous d’accord sur l’importance respective des éléments innés et des acquis sociorelationnels susceptible d’expliquer ces préférences.

De l’enfance jusqu’à l’adolescence, les filles semblent avoir plus d’avance sur les garçons en lecture et écriture, que les garçons n’en ont sur les filles en maths et en sciences. Pendant ce temps, les garçons en viennent progressivement à mieux cacher leurs émotions, qui s’expriment néanmoins tout aussi fortement que chez les filles, mais en dehors de l’expression faciale ou gestuelle.

L’ouvrage de Lise Eliot explique ainsi, sur plusieurs centaines de page, comment les deux sexes se différencient et ce qui en est la cause. La neurobiologiste américaine montre notamment que toute forme d’apprentissage sollicite et développe des zones cérébrales spécifiques dont le point commun, chez les filles comme chez les garçons, est une étonnante plasticité. Autrement dit, une capacité à assimiler très vite des manières de faire, de dire ou de (se) penser.

Les nombreuses études scientifiques récentes dont Lise Eliot analyse les tenants et les aboutissants laissent finalement penser que la différence entre garçon et fille, voire entre homme et femme, n’est en définitive pas si grande que ça. L’auteure n’évoque pas à proprement parler les sujets portant sur la conscience sexuelle, la sexualité ou l’identité de genre, mais on peut estimer que le consensus dominant résulte en partie des habitudes et des traditions, voire de clichés, de préjugés ou même de contre-vérités.

La parution de ce livre intervient au moment même où la France est le théâtre d’une nouvelle querelle entre les Anciens et les Modernes. La querelle est née d’un manuel de SVT (sciences et vie de la terre) pour la classe de première (élèves de 16 ans), publié chez Bordas, qui évoque la « théorie du genre » en expliquant que le sexe d’un individu ne détermine pas forcément son identité sexuelle et encore moins sa future orientation sexuelle. Invoquant la tradition, les Anciens refusent d’engendrer toute confusion des genres parmi les élèves, tandis que les Modernes constatent le caractère suranné de certaines idées reçues.

De nombreuses voix demandent la suppression des paragraphes litigieux, surtout dans les milieux ultracatholiques et même à travers une motion signée par 80 parlementaires de l’UMP (parti au pouvoir). Ces braves élus du peuple confondent un peu tous les concepts, argumente le psycho-sexologue David Simard.

Lise Eliot, Cerveau rose, cerveau bleu. Les neurones ont-ils un sexe ?, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Reignier. Robert Laffont, 2011, 504 pages, 22 euros.

Commentaire. Toute la presse a très abondamment parlé de ce fameux manuel scolaire, donc je ne m’étendrai pas sur le sujet.

Cette polémique m’a toutefois fait comprendre à quel point les clichés et les idées reçues sont enracinés même parmi la frange la plus éduquée de la population. C’est ainsi que sur Facebook, un ami dont je connais bien l’intelligence, la culture et l’ouverture d’esprit m’a livré un discours que, n’était sa signature, j’aurais cru avoir été rédigé par une secte créationniste, à tout le moins par un groupuscule ultracatholique ou ultraconservateur. Le texte de cet ami Facebook confondait allègrement sexe et identité sexuelle, sexualité et identité de genre, orientation sexuelle et choix de vie, laissant croire que l’on deviendrait homosexuel comme on devient végétarien, comme on devient membre de l’UMP ou comme on devient catholique. Le tout délayé dans un apocalyptisme de bazar, assimilant l’homosexualité à une déviance et pronostiquant une extinction de la race si le pourcentage d’homosexuels venait à augmenter. Tout statisticien ou démographe, même en première année d’université, se suiciderait plutôt que de revendiquer un « calcul » aussi aberrant.

[Update du 14 septembre 2011. Ce magnifique article signé Eunostos démonte les mécanismes douteux de la rhétorique mise au point par les quatre-vingts signataires du manifeste. Ne pas se laisser décourager par la longueur de cet article-là, car sa lecture en vaut vraiment la peine. Et merci à Véro et Cécile de m'en avoir signalé l'existence.]

Philca / MensGo
(via Le Figaro du 20 août 2011 [bonnes feuilles et article de synthèse])

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